À la saison froide, on se calfeutre. Certains creusentun trou dans la terre. D'autres font provision de bois,de graines et de fruits secs. D'autres composent un lit defeuilles. La plupart ne bougent plus. Ils se préparent. Ils se
résignent. Ils voudraient simplement dormir. À la saison froide, on regarde la vie filer au large : les affaires, les projets, les amours des autres. On se tient tel un naufragé qui guettait naguère au loin depuis son île les navires de passage : on ne lève plus les bras, on n'allume plus de feu, on ne fait plus de signe... On n'en peut plus d'attendre...
À la saison froide, le lointain disparaît. On ne saurait dire comment c'est arrivé. D'un coup, l'horizon s'est retiré. Plus de plage où marcher, plus d'arbres ni de fleurs. À présent le monde est si étriqué! Un timbre-poste sur une enveloppe! Entre table et fauteuil, la vie est de moindre importance.
À la saison froide, la nuit tombe plus vite, les journées sont plus courtes, on ne regarde plus le soleil descendre sur l'horizon. L'heure qui vient est noire et silencieuse, faite exprès pour le sommeil, ou peut-être autre chose de plus obscur et de plus inaudible encore. Nul feu ne flambe plus dans le coeur.
In der kalten Jahreszeit verkriecht man sich. Manche graben ein Loch in die Erde. Andere legen Vorräte an, Holz, Getreide und Trockenobst. Wieder andere bauen sich ein Bett aus Blättern. Die meisten rühren sich nicht mehr. Sie bereiten sich vor. Sie finden sich ab. Möchten einfach nur schlafen.
In der kalten Jahreszeit sieht man, wie draußen auf dem Meer das Leben vorbeizieht: die Geschäfte, die Pläne, die Liebesgeschichten der anderen. Man steht da, wie einst ein Schiffbrüchiger auf seiner Insel, der nach fernen Schiffen Ausschau hält. Man hebt die Arme nicht mehr, zündet kein Feuer mehr an, winkt nicht mehr... Man hat vom Warten genug...
In der kalten Jahreszeit verschwindet das Ferne. Man könnte nicht sagen, wie es dazu kam. Auf einmal hat sich der Horizont zurückgezogen. Kein Strand mehr zum Spazieren, keine Bäume, keine Blumen. Wie eng ist die Welt nun geworden! Eine Briefmarke auf einem Kuvert! Zwischen Tisch und Lehnstuhl hat das Leben kaum noch Bedeutung.
In der kalten Jahreszeit bricht die Nacht schneller herein, die Tage werden kürzer, man betrachtet die Sonne nicht mehr, die am Horizont versinkt. Die kommende Stunde ist schwarz und still, wie geschaffen für den Schlaf, oder etwas, was vielleicht noch dunkler und unhörbarer ist. Kein Feuer brennt mehr im Herzen.
À la saison froide, la pluie cesse de tomber. Elle blanchit et tournoie, éperdue, cherchant son chemin, essayant peut-être de remonter vers les hauteurs du ciel d'où elle est venue, offerte aux bourrasques et se bousculant en essaims d'abeilles glacées. On dit alors qu'elle tourne en neige.
Les ruisseaux ne coulent plus; eux aussi se sont arrêtés, emprisonnant les herbes et les paquets de branches brisées. On ne voit plus d'insectes venant étancher leur soif minuscule parmi des reflets de soleil. Le ciel bleu patiente sous la glace jusqu'au retour du printemps.
Plus de voix, plus de feuilles, les oiseaux se sont tus; ils ne s'affairent plus dans les arbres et la terre fait silence. Les poètes s'en retournent à leur cabane de larmes. On ne les entendra pas pleurer. Depuis longtemps déjà l'espérance faisait mauvais ménage avec la mémoire.
À la saison froide, on secoue son manteau de neige, pareil à ce voyageur perdu qui a marché longtemps à travers les montagnes pour traverser l'hiver. Ses épaules sont blanches, comme ses cheveux, et comme la peau de son visage. Quand il franchit le seuil, la neige entre avec lui.
In der kalten Jahreszeit fällt der Regen nicht mehr. Er wird weiß und wirbelt herum, verloren, sucht seinen Weg, will vielleicht wieder in den Himmel emporsteigen, aus dem er gekommen ist, den Windböen ausgesetzt, drängt er sich zusammen, wie ein Schwarm gefrorener Bienen. Dann sagt man, er wird zu Schnee.
Die Bäche fließen nicht mehr. Auch sie sind erstarrt, halten die Gräser und Bündel von abgebrochenen Zweigen gefangen. Und Insekten, die ihren winzigen Durst inmitten der Sonnenreflexe löschen, sieht man keine mehr. Unter dem Eis wartet der blaue Himmel geduldig auf die Rückkehr des Frühlings.
Keine Stimmen mehr, keine Blätter, die Vögel sind verstummt. Sie machen sich nicht mehr in den Bäumen zu schaffen, und die Erde schweigt still. Die Dichter kehren in ihre Tränenhütte zurück. Man hört sie nicht mehr weinen. Zuversicht und Erinnerung vertragen sich schon lange nicht mehr.
In der kalten Jahreszeit schüttelt man seinen Schneemantel aus, wie ein verirrter Reisender, der lange über die Berge gewandert ist, um durch den Winter zu gelangen. Seine Schultern sind weiß, weiß wie sein Haar und die Haut seines Gesichts. Wenn er über die Schwelle tritt, kommt der Schnee mit ihm herein.
À la saison froide, la vie perd ses couleurs. Comment s'émouvoir? Les ailes des papillons et les abeilles sont grises. La vie aussi s'en va en miettes. On rêve à des prairies, des robes claires, et pourquoi pas, au zénith de l'été, un champ de blé piqueté de coquelicots et de bleuets.
Autrefois, il y avait toujours une porte, une fenêtre, un soupirail par où s'échapper, ne fût-ce qu'en pensée, vers un souffle d'air et de bleu, une croyance, une lueur, encore un peu de lendemain. Quelqu'un passait dans la rue, avec un panier, et lançait son bonjour.
On lui répondait d'un sourire. Pourtant, on ne le connaissait guère. On avait juste attendu ensemble, chez la boulangère. Il y avait ainsi, un peu partout, des surprises, des pieds nus, des musiques... Quelqu'un tendait la main; les vitres restaient claires jusque tard dans la nuit.
En vérité, la saison froide est une sorte de banquise qui s'enfonce et s'épaissit par en dessous. Le flot durcit, le froid s'étend. L'haleine de la mer est de plus en plus courte. Le vent glacé qui souffle au visage contraint à fermer les yeux. Les tempêtes d'hiver sont les plus cruelles.
In der kalten Jahreszeit verliert das Leben seine Farben. Ist das ein Grund zur Aufregung? Die Flügel der Schmetterlinge und die Bienen sind grau. Auch das Leben zerfällt. Man träumt von Wiesen, hellen Kleidern und warum nicht, am Höhepunkt des Sommers, von einem Weizenfeld, übersät mit Mohn- und Kornblumen.
Früher konnte man immer entkommen, durch eine Tür, ein Fenster, eine Luke, und sei es nur in Gedanken, sich flüchten zu einer Brise und einem Hauch von Blau, einer Überzeugung, einem Lichtschein, noch ein bisschen neuem Tag/Morgen. Jemand ging durch die Straße, mit einem Korb und wünschte einen Guten Tag.
Man antwortete ihm mit einem Lächeln. Dabei kannte man ihn kaum. Man hatte nur beim Bäcker gemeinsam gewartet. So gab es fast überall Überraschungen, nackte Füße, Musik... Jemand streckte die Hand aus; die Fensterscheiben blieben hell bis spät in die Nacht.
In Wirklichkeit ist die kalte Jahreszeit eine Art Eisscholle, die tiefer sinkt und von unten her zunimmt. Der Strom wird hart, die Kälte breitet sich aus. Der Atem des Meeres wird immer kürzer. Der eisige Wind bläst einem ins Gesicht und zwingt dazu, die Augen zu schließen. Die Winterstürme sind die grausamsten.